Emergence d’un agent aquatique pathogène : Leclercia adecarboxylata, à propos de 6 cas - 22/11/19
Résumé |
Introduction |
Leclercia adecarboxylata (L. adecarboxylata) est un bacille Gram négatif appartenant à la famille des Entérobactéries, présentant de nombreuses similarités phénotypiques avec Escherichia coli. Il s’agit d’un micro-organisme rarement mis en évidence en pathologie humaine. Nous rapportons 6 cas d’infections à L. adecarboxylata diagnostiquées dans notre centre depuis l’utilisation des techniques d’identification microbiologique de haute résolution.
Patients et méthodes |
Nous avons colligé tous les cas d’identification de L. adecarboxylata depuis l’avènement du MALDI-TOF au laboratoire de microbiologie de l’hôpital Nord Franche-Comté de Trévenans.
Cette bactérie a été isolée dans 8 prélèvements biologiques (chez 6 patients différents) sur la période d’octobre 2015 à juillet 2019.
Résultats |
L. adecarboxylata a été identifié sur un seul prélèvement chez 4 patients et sur 2 prélèvements pour 2 patients. Pour les 6 patients (4 hommes et 2 femmes), l’âge moyen au moment de l’identification était de 66,2 ans (extrêmes : 19–84 ans). Tous les patients étaient considérés comme immunocompétents. Un patient avait un antécédent de transplantation rénale, mais n’était plus traité par immunosuppresseurs au moment de l’identification, et un autre avait un antécédent de gammapathie monoclonale de signification indéterminée.
L’anamnèse retrouvait un historique de baignade en bassin artificiel pour un des 6 cas.
La présentation clinique était variable : deux infections urinaires masculines sur sonde vésicale à demeure, une infection de site opératoire de pontage vasculaire de membre inférieur, une pneumopathie acquise sous ventilation mécanique compliquée d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, un abcès cornéen avec kératite ponctuée superficielle avec colonisation du boîtier de lentilles et une infection de liquide de dialyse péritonéale. Une hyperthermie était présente dans un seul cas sur 6. Le dosage biologique de la CRP, effectué pour 4 patients sur 6, était en moyenne de 100,2mg/L (extrêmes : 2,3–272mg/L). L’examen direct était positif pour 6 prélèvements sur 8. Aucune bactériémie associée n’a été retrouvée.
L. adecarboxylata a été retrouvée à l’examen direct et sur les flacons d’hémoculture sur liquide de ponction chez le patient ayant une infection de liquide de dialyse péritonéale.
Une résistance à la fosfomycine a été retrouvée une seule fois, L. adecarboxylata avait un phénotype multi-sensible dans tous les autres cas. Le caractère pathogène du micro-organisme avait été retenu dans 4 cas sur 6 au vu du tableau clinicobiologique justifiant la prescription d’une antibiothérapie par voie parentérale.
Les suites étaient marquées par une bonne évolution pour 5 patients et par un décès pour le patient qui présentait un tableau de pneumopathie acquise sous ventilation acquise à une autre bactérie multirésistante.
Conclusion |
L. adecarboxylata est un micro-organisme ubiquitaire, retrouvé dans les milieux aquatiques mais également dans le sol et au sein de la flore microbienne commensale de certains animaux. Son identification en pathologie humaine est rare malgré l’avènement des techniques de haute résolution telles que la spectrométrie de masse à ionisation (MALDI-TOF). Parmi les quelques cas décrits dans la littérature, il est intéressant de noter que, de la même manière qu’un des cas rapportés dans notre article, il est parfois rapporté un contact récent avec un milieu aquatique. On retrouve également quelques cas de péritonite aiguë ou d’infection du liquide péritonéal chez les patients dialysés.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 40 - N° S2
P. A199-A200 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?